L’économie, ça ne concerne que les entreprises et les grands de ce monde, vous dites-vous ? Détrompez-vous. Le «fonds souverain» français que le RN entend mettre sur pied, c’est votre affaire. Auditionné le 18 avril par le Medef, Jordan Bardella avait déploré «la sur-épargne des Français, l’une des plus élevées de l’OCDE».
Une sur-épargne qui lui sort d’autant plus par les yeux qu’elle «dort». Alors qu’elle serait bien mieux employée à financer la réindustrialisation, les infrastructures nucléaires, la technologie, et les grands projets tout autant que les PME et TPE. D’où son idée d’inciter les Français à placer leur bas de laine dans un fonds souverain qui «garantirait leur capital», précise-t-il. Un fonds que Marine Le Pen verrait bien attirer 500 milliards d’euros d’ici à 2027.
Un fonds souverain, sorte de produit d’épargne garanti
Une ambition «irréaliste», rétorque Catherine Lubochinsky, membre du cercle des économistes, qui a récemment passé au crible le programme économique du RN pour le magazine Challenges. De fait, espérer drainer 500 milliards d’euros d’épargne en 5 ans, soit 100 milliards par an, alors que l’épargne réglementée (liquide et sans risque) augmente de seulement 40 milliards chaque année, voilà qui laisse songeur… Certes, outre la garantie du capital investi, le RN propose une rémunération annuelle supérieure de 2 points à l’inflation. «Mais le RN ne précise pas la durée minimale de placement, ni le coût pour le contribuable en cas d’investissements hasardeux ou de faillites », s’inquiète Catherine Lubochinsky. Et puis, «le lancement d’un grand emprunt d’Etat auprès des Français pour financer “la maison France”, cela reste de la dette !», s’exclamait François Asselin, président de la CPME, dans un entretien à Capital, fin mars.