Coudre, nourrir, soigner… Ces gestes qui racontent la place des femmes à travers l’histoire

Onze femmes qui ont marqué l’histoire des sciences

Balayer

«Si l’on songe à Cosette ou à Cendrillon, on voit que balayer est une activité déconsidérée, reprend Sophie Coste. Il n’y a pas plus humble : c’est le travail de la souillon, de la pauvresse. On est aux prises avec la saleté, avec le sol, littéralement ce qu’il y a de plus bas. Mais dans le même temps, le balai est aussi l’emblème des sorcières, qui le chevauchent et volent dessus.» Est-ce du fait d’une symbolique phallique ? 

«Suivant de très anciens rites agricoles, on demandait aux femmes de faire des sauts au-dessus des champs ensemencés et que c’était supposé prédire la croissance et la hauteur des plantations. Il semble qu’elles se soient mises à le faire avec un balai, qui à l’origine, est composé de fagots de brindilles, soit les restes de la récolte précédente. La sorcière dévoie l’usage domestique du balai, avec lequel la femme est censée maintenir le logis propre et accueillant, au profit de son émancipation maléfique.» 

Car la sorcière, c’est l’anti-épouse. «On remarquera qu’elle n’est jamais mariée et n’a jamais d’enfant. Alors, pourquoi se sert-elle du balai ? Pour aller au sabbat copuler avec le diable, pour littéralement “s’envoyer en l’air”. C’est toujours la même chose…», conclut la chercheuse.