Broder
S’il s’agit comme dans la couture de manier le fil et l’aiguille, la broderie est davantage considérée comme un art d’agrément, un passe-temps de grande dame. «En vérité, précise Sophie Coste, toutes les jeunes filles au XIXe ont leur trousseau brodé, mais celles du peuple se contentent de marquer leur linge de leurs initiales en rouge sur blanc – à la fin de l’école primaire, l’écolière a d’ailleurs réalisé sa marquette, un carré de canevas où elle a brodé au point de croix l’alphabet et les chiffres – afin de pouvoir l’identifier au lavoir. Les demoiselles de bonne famille, elles, brodent des motifs imposés, généralement des fleurs et des feuillages. Ce n’est pas le cas des communautés de brodeuses en ligne aujourd’hui très actives, qui célèbrent leur identité féminine en brodant des propos crus, des vulves et des ovaires.»
L’aiguille n’est plus l’attribut de la féminité opprimée mais un moyen d’expression personnel, politique, voire artistique, que l’auteure retrouve chez les «folles de la place de Mai», ces mères argentines arborant un foulard blanc brodé des noms de leurs enfants disparus aux artistes contemporaines, ou Annette Messager qui dans «Ma collection de proverbes» brode sur des tissus blancs des idées reçues et des clichés sexistes sur les femmes («L’homme pense, la femme dépense»). Ou encore Ghada Amer, qui brode des conseils de beauté tirés des magazines féminins sur des tissus suspendus à la manière de torchons de cuisine, soulignant par là la double injonction auxquelles les femmes sont soumises.
Cueillir
Aux origines de ce mot, on a Ève qui cueille le fruit interdit, puis Adam et Ève qui assemblent des feuilles pour se couvrir. «Beaucoup d’anthropologues pensent qu’à l’ère des chasseurs-cueilleurs, la collecte des fruits, baies, tiges, à la base de la nourriture, était pratiquée par les femmes aux abords de l’habitat parce qu’elle restait compatible avec la grossesse et le soin des enfants, tandis que la chasse au gibier pouvait éloigner les hommes pendant des semaines», rappelle Sophie Coste.
Au Moyen Âge, toutes les femmes, de toutes les classes sociales, filent, de la bergère à la noble dame, près du foyer ou de la fenêtreSophie Coste