Une libération progressive de la parole
Parler de ces sujets a pris du temps. Et même aujourd’hui, les mots viennent souvent difficilement, à travers des formulations complexes. L’histoire de cette parole libérée est celle d’un long chemin.
Des événements dramatiques ont agi comme des électrochocs. La mort de Marie Trintignant il y a vingt ans, ou celle de Sohane Benziane, brûlée vive à Vitry-sur-Seine en 2002, ont marqué les esprits. En 2017, la vague #MeToo a ouvert la voie à une libération massive de la parole des femmes sur les violences sexuelles. Deux ans plus tard, en 2019, le Grenelle des violences faites aux femmes a permis de renforcer l’arsenal législatif.
Dès les années 1990, les féministes interpellaient les médias afin de bannir les termes comme « crimes passionnels ». Car le mot compte : il oriente la compréhension du public et le traitement judiciaire. En 1994, la loi a reconnu la qualité de conjoint ou ex-conjoint comme une circonstance aggravante.
Nommer les choses, c’est déjà un acte de défense : les mots deviennent des armes juridiques, des outils de protection.
Le tribunal symbolique de 1976
En 1976, Simone de Beauvoir initie à Bruxelles un « tribunal des crimes contre les femmes ». Il ne s’agit pas d’un vrai tribunal, mais d’un lieu de dénonciation symbolique : débats, projections, conférences.