La Vraie Vie des dieux grecs : quand l’Antiquité vole au secours de l’amour

Des esclaves aux citoyennes, et donc même jusqu’aux déesses, et à la plus puissante d’entre elles, elles devaient subir un joug qui ne leur laissait guère de liberté. Mais ce serait aller vite en besogne que de les peindre en perpétuelles victimes. Et si leurs exemples avaient quelque chose à dire aux générations désenchantées et à nos couples éreintés ?

Point de vue de la femme dans la mythologie

Ladite Héra a montré en plus d’une occasion qu’elle savait en remontrer à Zeus, cet époux inconstant dont la liste des infidélités n’est plus à faire. On songe à l’extraordinaire stratégie de séduction décrite par Homère dans L’Iliade. Héra veut porter secours aux Grecs contre les Troyens, malgré l’interdiction de Zeus à ses sujets divins d’intervenir dans le conflit.

Dans une scène d’une brûlante sensualité, où le poète nous invite à entrer dans la chambre de la déesse, elle joue de ses charmes pour séduire son butor de mari et détourner son attention. Objectification de la femme ! Male gaze !, diront les tristes censeurs, en arguant qu’Homère, avant d’être un poète, est surtout un homme – alors que son identité demeure un mystère.

Ils oublient que, dans L’Odyssée, Homère donna à voir un Ulysse nu et sale, se lavant sous l’œil débordant de désir de la princesse Nausicaa. Après tout, comme le dit Jennifer Tamas, professeure et auteure, qui refuse de voir «des proies soumises» dans certaines héroïnes de la littérature classique, «les grands écrivains ont toujours invité à lire les textes selon le point de vue des femmes.»