Une tradition contre la falsification

Jusqu’au XIXe siècle, la bague papale jouait un rôle administratif de premier plan. Elle permettait de sceller les brefs pontificaux, documents signés en son nom. La destruction de la bague visait donc à éviter toute falsification posthume. « C’était un moyen de s’assurer qu’aucun faux document ne soit scellé au nom du pape », explique David Collins, spécialiste du catholicisme à l’université de Georgetown. Aujourd’hui encore, cette symbolique reste forte, même si le risque de contrefaçon s’est considérablement amoindri.
De la destruction totale à l’entaillage symbolique

Autrefois, le cérémonial imposait que la bague soit détruite à coups de marteau. Mais ce rite brutal a été adouci après la renonciation de Benoît XVI, premier pape à abdiquer depuis six siècles. Son anneau n’a pas été détruit mais marqué d’une croix profonde, le rendant inutilisable tout en conservant sa forme. Cette adaptation, plus respectueuse de l’objet, reflète une transition dans la perception des symboles pontificaux, moins rigides mais toujours empreints de solennité.
Le rôle du camerlingue après le décès

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Lorsqu’un pape meurt, le camerlingue — actuellement le cardinal Kevin Farrell — prend les rênes du Vatican jusqu’à l’élection du successeur. C’est à lui que revient la charge de récupérer l’anneau du défunt pontife pour le détruire en présence du Collège des cardinaux, avant l’ouverture du conclave. Ce rituel est un marqueur institutionnel aussi fort que discret, attestant de la fin officielle du pontificat.
Un anneau modeste à l’image du pape argentin
Fidèle à son image de simplicité, Jorge Bergoglio a rompu avec la tradition en optant pour un anneau en argent plaqué or, bien loin des bagues somptueuses en or massif portées par ses prédécesseurs. Il a même choisi de réutiliser une ancienne bague appartenant au secrétaire du pape Paul VI, décédé en 2006. Un geste humble et symbolique, salué comme une marque de continuité spirituelle plutôt que d’ostentation matérielle.