“On entre dans un monde qui misera sur la coconstruction, le partage, le recyclage, le localisme, la vie, quoi !”

À quand remonte votre prise de conscience écologique ?
À l’adolescence. Je suis née en 1959, et je me souviens très bien de la campagne pour l’élection présidentielle de 1974, avec l’ingénieur agronome René Dumont. À 17 ans, je m’intéressais au féminisme, aux utopistes, comme Dumont, et à l’anthropologie à travers les ouvrages sur les tribus amérindiennes des forêts primaires. À 20 ans, j’ai été saisie par les angoisses liées au nucléaire, notamment avec la parution du roman postapocalyptique de Robert Merle, Malevil.

Dans son essai Le Siècle vert, Régis Debray se félicite de la croissante féminisation de nos sociétés, “barrage contre le suicide collectif, puisque la domination des mâles et la destruction de la nature sont allées de pair, l’une n’allant pas sans l’autre”. Féminisme et écologie doivent marcher main dans la main ?
Je suis assez d’accord. Il y a quelque chose de l’ordre de l’appropriation dans les deux cas. La force physique est à l’œuvre pour dominer et asservir les femmes ou pour extraire et ravager. D’un monde construit sur l’appropriation, on entre dans un monde qui misera sur la coconstruction, le partage, le recyclage, le localisme, la vie, quoi ! Dit comme ça, c’est utopique, mais nous pouvons le mettre en pratique.