“Le religieux, une manière de se distinguer”
Le port du voile ” s’est développé d’une manière très différente de celle que l’on a pu observer dans le monde traditionnel musulman : on assiste à une revendication des jeunes filles pour ce qu’elles sont, d’une façon moderne. On a un retour vers la foi, une sorte de revival. Elles cherchent à retrouver leurs racines ; elles ont le sentiment que leurs parents ont délaissé leur religion et se sont soumis à la culture du pays d’accueil.
” Le port du voile, que le sociologue compare à certains mouvements de jeunesse comme ” le punk des années 1990 “, se justifie presque de manière philosophique : ” Le religieux, c’est une manière de se distinguer par la performance, de faire des choses difficiles justement parce qu’elles sont difficiles. ” Cette rigueur que les jeunes filles s’imposent, au prix parfois d’un rejet, leur paraît gratifiante.
Il n’y aucune ambiguïté à propos du voile dans le Coran. C’est une obligation divineSabrina, 31 ans
Dans l’ouvrage de Faïza Zerouala Des voix derrière le voile (2), Sabrina, 31 ans, explique le choix qu’elle a fait il y a trois ans : “Il n’y aucune ambiguïté à propos du voile dans le Coran. C’est une obligation divine. Il nous est prescrit de préserver notre pudeur. Chez la femme, cela passe par le fait de se couvrir la tête et de ne dévoiler que son visage et ses mains.” Elle ajoute, comme pour contrer les accusations de machisme : “On l’oublie, mais l’homme aussi a des obligations en ce sens. Il doit cacher son torse et porter des vêtements décents. “